© Nord-Sud Par Nathan Koné
École gratuite en Côte d’Ivoire : Guillaume Soro inaugure la distribution des kits et manuels scolaires en présence de la ministre Kandia Camara
Vendredi 21 octobre 2011. Abidjan, École primaire publique (EPP) Anono-Riviera. Lancement officiel de la distribution des kits et manuels scolaires aux élèves des écoles primaires publiques, en présence du Premier ministre Guillaume K. Soro et de la ministre de l’Éducation nationale, Mme Kandia Camara
Le gouvernement a décidé de réintroduire le port de l’uniforme scolaire pour l’année 2011-2012. Malheureusement, les parents d’élèves font face à une pénurie de tissus sur le marché.
Le tissu pour l’uniforme scolaire est devenu aussi rare que de l’or. C’est ce qu’a observé Thérèse Yobouet au marché d’Adjamé sur le boulevard Nangui-Abrogoua. Il est 10 h 40, ce 2 novembre. Thérèse, en sueur, utilise un éventail pour se rafraîchir. La chaleur et la fatigue sont écrasantes. Après avoir parcouru le marché, elle n’a toujours pas trouvé le tissu pour sa fille en CP1. Les fameux carreaux ou “carreaux-carreaux” sont introuvables. Après avoir visité le marché de la Sicogi à Yopougon et celui d’Adjamé, elle est désemparée. « Ma fille doit entrer en classe, mais elle n’a pas encore son uniforme. Je ne sais vraiment plus quoi faire. »
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Les prix ont doublé
J’ai exploré tout le marché, les espaces Caolin, Forum et Petit Lomé, et tous les vendeurs me disent la même chose : le tissu est devenu une denrée rare », explique-t-elle. Selon elle, la décision du ministère de l’Éducation nationale de réintroduire le port de l’uniforme scolaire est louable. Cependant, des mesures devraient être mises en place pour éviter une telle situation. Le désagrément ressenti par Thérèse est partagé par de nombreux parents d’élèves. Djénéba Sékongo, accompagnée de son fils en CE1 et de sa fille de 9 ans en 6ème, est choquée par l’augmentation des prix du tissu bleu-blanc. « Je ne m’attendais pas à une telle flambée des prix. Le kaki gabardine que j’achetais à 1200 f le mètre est maintenant à plus de 2000 f. Je suis contrainte de repartir sans l’uniforme. Je n’avais pas prévu suffisamment d’argent pour cela », se plaint-elle. Contrairement à ces dames, Bakary Koné a réussi à acheter le tissu pour ses filles, mais a payé une somme considérable. « Le mètre est vendu à 5000 f Cfa. C’est exorbitant en ces temps difficiles. C’est la première fois que je vois une telle augmentation. Chaque année, je fais coudre de nouvelles robes pour mes filles. Cette situation est vraiment désespérante », souligne-t-il. Abdoul Maïga, marchand de tissus installé près de la Société Générale des Banques de Côte d’Ivoire (SGBCI), affirme que de nombreux parents se plaignent des prix qui ont doublé, voire triplé. Chez lui, le mètre de kaki est à 2800 f Cfa, selon la qualité du tissu. « Avant la rentrée, le mètre était à 1500 f. Nous ne sommes pas contents de la situation. C’est la pénurie sur le marché qui fait grimper les prix », dit-il. Il explique que la crise post-électorale a provoqué cette pénurie. « Comme le tissu n’est pas fabriqué ici, nous n’avons pas pu passer les commandes », regrette-t-il. Pour Touré Alpha, le stock disponible se vend cher chez les revendeurs. « Je me procure le tissu chez les Libanais. Avant, nous achetions la pièce de kaki à 33 000. Maintenant, c’est à plus de 100 000. Le peu de mètres que j’ai, si je les écoule, je n’en aurai plus », conclut-il.
Pour essayer de résoudre ce problème, le gouvernement a créé une commission dédiée au suivi des approvisionnements en tissus scolaires. Cette commission a pour mission de négocier avec les fournisseurs internationaux et de surveiller les prix sur le marché local. Parallèlement, des campagnes de sensibilisation sont mises en place pour inciter les producteurs locaux à se lancer dans la production de tissus adaptés aux uniformes scolaires. Ces actions ont pour but de stabiliser les prix et d’assurer un approvisionnement adéquat pour la prochaine rentrée scolaire. En outre, des mesures temporaires comme la distribution de coupons pour l’achat de tissus à prix réduits pourraient être envisagées pour aider les familles les plus touchées par cette crise.