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Culture : 12ème édition de Clap Ivoire 2012.
Mardi 4 septembre 2012. Abidjan. Palais de la Culture de Treichville. L’Office National du Cinéma de Côte d’Ivoire a supervisé la 12ème édition de Clap Ivoire. Photo : Akissi Delta, artiste comédienne.
Akissi Delta, actrice et réalisatrice ivoirienne reconnue à l’international, est une figure emblématique du théâtre ivoirien. Après avoir dirigé la première saison du téléfilm « Ma famille », cette passionnée de scène traverse actuellement une période difficile. Dans cet entretien, Delta partage ses défis et ses espoirs. Entretien.
Si vous deviez résumer votre parcours en quelques mots, que diriez-vous ?
J’ai débuté ma carrière dans les années 1973 avec la danse et les photoromans. Grâce à Dieu, j’ai rencontré Léonard Groguhé, qui est devenu une figure paternelle pour moi. N’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, il m’a appris la vie. C’est lui qui a façonné la comédienne que je suis aujourd’hui. Avec lui, j’ai commencé dans « Comment ça va ». Après son départ, j’ai eu la chance de faire mes premiers pas au cinéma avec d’autres grands noms que je considère aussi comme des mentors : Feu Henri Duparc dans « Bal poussière », « Rue Princesse », « Couleur café », ainsi que Roger Gnoan M’balla dans « Au nom du Christ » avec Kramo Fadiga dans « Wariko ». Par la suite, j’ai collaboré avec Feu Camara Yêrêfê dit H pour la direction artistique de « Qui fait ça ? ». C’est après ce projet que j’ai décidé, en 2002, de me lancer seule et de créer « Ma famille ».
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Concernant « Ma famille », vous avez achevé la première saison qui a rencontré un grand succès en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique. Que retenez-vous de cette première expérience en tant que réalisatrice ?
Je retiens beaucoup de choses car « Ma famille » n’était qu’un premier essai. Dieu merci, le film a rencontré un succès, mais ce succès a aussi engendré des problèmes. Les gens ont cru que ce succès médiatique se traduisait par un succès économique et financier. En réalité, la situation était très différente. J’ai dû faire face à de nombreuses difficultés. Alors que cette première expérience a encouragé d’autres à suivre mes pas, elle m’a aussi causé d’énormes soucis. Certains ont cru que j’avais accumulé beaucoup d’argent. Cependant, ils ont fini par comprendre, à travers leur propre expérience, qu’il ne suffit pas de réaliser un film pour devenir riche. Nous allons bientôt reprendre « Ma famille ».
Vous avez mentionné que « Ma famille » vous a causé de nombreux soucis, au point que vous avez envisagé le suicide. Peut-on dire qu’Akissi Delta a véritablement surmonté ses difficultés ?
Oui. Je vais bien. Bien que j’aie traversé des moments difficiles, je me sens mieux aujourd’hui grâce à Dieu.
Avez-vous résolu vos problèmes avec la RTI et sa directrice commerciale et marketing, Da Chagas ?
Oui, tout est en ordre. Nous restons en contact régulier et il n’y a plus de problèmes.
Après la première saison de « Ma famille », à quoi les téléspectateurs peuvent-ils s’attendre pour la deuxième saison ?
Nous aurons les mêmes acteurs, mais d’autres acteurs d’Afrique de l’Ouest et centrale se joindront également au projet. Quant au scénario, l’histoire sera en grande partie la même, bien que quelques ajustements soient à prévoir. Pour l’instant, je préfère ne pas en dire davantage.
Cela fait longtemps que les téléspectateurs attendent la deuxième saison, qui se fait malheureusement attendre. Quel est le problème ?
Il faut beaucoup d’argent pour produire un film. Autrefois, je tournais et payais les acteurs ensuite. Cette fois-ci, j’ai décidé de changer de méthode. Tant que je n’aurai pas l’argent en main, nous ne tournerons pas. Je ne veux pas rencontrer de problèmes. Un autre problème est lié aux acteurs. Chaque fois qu’un acteur décède, je dois en trouver un autre pour le remplacer, ce qui n’est pas facile. Les décès de Marie Laure et Atiahi, qui avaient des rôles dans le film, ont causé des désagréments importants. J’aurais préféré finir le tournage si j’avais eu les fonds nécessaires. Actuellement, les banques sont peu disposées à nous faire confiance et personne ne veut investir des millions pour financer un film. Les banques financent tout sauf le cinéma. Je ne comprends pas pourquoi. Je ne demande pas une donation, mais un prêt. Si les Ivoiriens ont apprécié « Ma famille » et pensent que ce téléfilm a bien représenté la Côte d’Ivoire à l’étranger, ils devraient réagir. La première saison a été financée par des Nigériens. Le comédien Mahamane a proposé de financer la deuxième saison. Il y a de nombreux milliardaires dans notre pays, mais ce sont des investisseurs étrangers qui financent « Ma famille ». Nous nous prétendons locomotive de l’Afrique de l’Ouest, mais nous n’avons pas les moyens de financer un film, ce qui est déplorable pour la Côte d’Ivoire.
Avec qui avez-vous pris contact pour le financement de cette deuxième saison ?
Je préfère ne pas nommer de personnes pour éviter des problèmes. De plus, je n’ai pas besoin de courir après les gens. Il est important en Côte d’Ivoire de reconnaître que, au-delà du cacao et du café, d’autres secteurs comme le cinéma sont également porteurs de revenus et d’emplois. Nous sommes premiers en cacao, nous pouvons aussi l’être en cinéma. Quand on parle de pays émergent, il ne s’agit pas seulement d’un ou deux secteurs, mais de tous les secteurs, y compris le cinéma, qui doivent y contribuer.
Vous avez été décorée l’année dernière, qu’est-ce qui, selon vous, a joué en votre faveur ?
Je dois avouer que cette décoration m’a surprise. Je pense qu’elle est due à l’appréciation du film que j’ai réalisé. À partir de ce moment, je ne devrais plus avoir de difficultés à obtenir un financement. Malheureusement, malgré cette médaille, je n’ai toujours pas les moyens nécessaires pour poursuivre ce que j’ai commencé. Bien que cette reconnaissance m’ait fait plaisir, elle ne m’aide pas à produire mon film. J’ai été décorée, mais je reste chez moi, sans travail faute de moyens.
Akissi Delta est une femme très belle, mais elle est célibataire. A-t-elle décidé de rester seule ?
Le mariage n’est pas dans mes projets. Mon cœur est en pause.
Il y a quelques années, on parlait d’un « grand amour » entre Akissi et un homme vivant à Londres. Aujourd’hui, vous dites que votre cœur est en pause. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
Je parlerai de cela en temps voulu. Actuellement, j’ai beaucoup de choses à gérer et de nombreux problèmes. Chaque jour, j’attends d’entendre à la télévision que des fonds ont été alloués pour soutenir les artistes. À chaque fois, des milliards sont donnés à d’autres, sauf aux artistes. C’est ce qui me préoccupe. Je ne pense pas qu’un homme puisse suivre le rythme de ma vie. De plus, que puis-je faire avec un homme ? Que pourrait-il m’apporter ? Je crois que le temps de vivre avec un homme et de me marier est révolu.
Akissi Delta est-elle déçue par la vie ?
Non. Quand j’étais déçue, je pensais à mourir, mais ce n’est pas facile. Il vaut mieux accepter la vie telle qu’elle est et la vivre simplement. Les gens devraient s’entraider pour simplifier les choses, car comme le chantent les zougloumen, c’est l’homme qui fait l’homme. Le drame aujourd’hui est que personne ne veut aider personne. Les gens sont devenus méchants et égoïstes. L’Ivoirien d’aujourd’hui n’est pas aussi généreux qu’avant. Sous Houphouët-Boigny, les gens étaient plus gentils et partageaient. Je demande donc aux Ivoiriens d’être plus généreux et reconnaissants, car la reconnaissance encourage la générosité. Je ne cesserai jamais de remercier mon père Léonard Groguhé pour tout ce qu’il a fait pour moi.
Interview réalisée par Francis Kouamé
Interview réalisée par Francis Kouamé
Interview réalisée par Francis Kouamé