Ismaïl Touré, membre légendaire du groupe Touré Kunda, est décédé ce matin en France. Il aurait fêté ses 73 ans en avril prochain.
La musique sénégalaise et africaine est en deuil suite au décès d’Ismaël Touré, membre du groupe Touré Kunda, survenu ce lundi 27 février 2023 à Paris, en France.
En 1975, c’est Ismaïl qui foule pour la première fois le sol français, bientôt rejoint par ses frères Amadou, Sixu et Ousmane après quelques années.
Avant de créer le groupe Touré Kunda, Ismaïl a d’abord fait partie du West African Cosmos où il a joué aux côtés de l’artiste sénégalais, Wasis Diop. En 1977, avec Sixu, il a fondé son premier groupe, Ismaela Do Sixu. Ils ont sorti leur premier album en 1979, comprenant leur premier tube, “Emma”. Ils ont ensuite enregistré de nombreux autres succès tels que “Karadindi”, “Fatou Yo”, “Natalia”, et bien d’autres.
Grâce à des défenseurs africains établis en France comme Mamadou Konté d’Africa Fête, le groupe se positionne rapidement comme l’un des principaux groupes africains dans la capitale française. Pour renforcer davantage le groupe, Amadou rejoindra ses deux frères et ils formeront un trio remarquable qui rencontrera un succès notable ; cependant, leur élan sera brisé en 1983 lorsque Amadou décédera lors d’un concert. Ousmane se joindra alors à Ismael et Sixu dans cette aventure, offrant ainsi au Touré Kunda la possibilité de reconquérir la scène.
En l’an 1999, la bande célèbre deux décennies d’exploits musicaux avec la parution de l’opus intitulé “Légende” ainsi qu’une sélection de compilations. Au mois d’avril 2002, la bande opte pour un retour en Casamance, cette contrée du sud sénégalais qui demeure le berceau de ses origines.
Touré Kunda s’engage dans divers projets de militantisme, comme en 2003 avec l’album “Abandonner la dette”, rassemblant des artistes africains et français pour soutenir l’annulation de la dette des nations en développement. De même, en 2003, avec le disque “Un navire pour la Casamance”, visant à aider les familles des disparus dans le naufrage du Joola et à collecter des fonds pour l’acquisition d’un nouveau bateau assurant la liaison entre Dakar et Ziguinchor. Des figures emblématiques de la musique sénégalaise telles que Thione Seck, Omar Pène, Baaba Maal, Didier Awadi, ou encore Ismaël Lô prennent part à cette initiative.
Touré Kunda fait son grand retour avec Santhiaba, une œuvre dévoilée en mai 2008, évoquant le quartier de Ziguinchor, terre de leur enfance. En 2015, lors de la tournée “Caravane”, ils renouent avec leur public sénégalais à travers trois spectacles à Ziguinchor, Dakar et Saint-Louis.
En 2017, ils se sont joints au festival Africa Fête à Marseille pour honorer la mémoire de leur cher ami Mamadou Konté, qui a quitté ce monde en 2007 à Dakar, au Sénégal.
Le plus récent opus de Ismaïl et Sixu, Lambi Golo, célèbre la lutte traditionnelle du Sénégal ; il a vu le jour en 2018. Cet album met en avant Alune Wade à la basse, Seckou Keita à la kora, Hervé Samb à la guitare, le claviériste malien Cheick Tidiane Seck, le batteur ivoirien Paco Sery, le saxophoniste camerounais Manu Dibango et le chanteur congolais Lokua Kanza.
Les années 70 et 80 ont été témoins de l’empreinte indélébile laissée par les Touré Kunda. Les frères Touré, originaires de Ziguinchor, ont joué un rôle clé dans la révolution et la modernisation de la musique africaine. Ils ont été des pionniers dans l’émergence d’ https://newstop.africa/la-legende-ivoirienne-didier-drogba-sur-le-point-de-devenir-acteur/ , mêlant habilement des influences pop et reggae.
Leur triomphe inégalé pour un groupe africain au début des années 1980 en France a ouvert la voie à tous les grands noms de la musique du continent, de Mory Kanté à Youssou N’Dour, en passant par Manu Dibango. Avec le décès d’Ismaïl ce matin dans la capitale française, c’est un chapitre de l’histoire musicale africaine qui se clôt, sa disparition marque peut-être également la fin d’une des formations africaines les plus emblématiques de tous les temps.