Artiste compositrice et chanteuse sénégalaise de musique fusion, Zeina, faisant partie du collectif AFRICA INWI, réside actuellement à Marseille, dans le sud de la France. Son parcours artistique, en constante évolution, a été forgé à travers des aspirations ardentes et des renoncements considérables, bravant les défis sans garantie de succès.
Dans cette entrevue exclusive avec Music In Africa, elle revisite les multiples rebondissements de son voyage, avant de réaffirmer son ambition, plus ardente que jamais, de rayonner à l’échelle mondiale. Conversation.
L’image met en lumière la talentueuse chanteuse sénégalaise, Zeina Ndong.
Salut Zeina, je vous remercie pour votre disponibilité à cette entrevue. Comment l’héritage familial, avec un père combattant sur le ring et une mère artiste lyrique sérère, a-t-il influencé votre voyage dans le monde de la musique ?
Salut et merci pour l’occasion de partager dans votre revue. Je suis le fruit d’un père passionné de sport et d’une mère artiste lyrique, tous deux imprégnés de la culture sérère sénégalaise.
Ma généalogie ne se rattache pas aux conteurs traditionnels, cependant dès mon jeune âge, j’ai été enveloppée par les mélodies de ma mère, l’ayant vue chanter depuis ma tendre enfance. En effet, je maîtrisais parfaitement son répertoire et je peux affirmer qu’elle a modelé mon être et m’a transmis la passion de la musique.
Pourriez-vous nous partager votre vécu à l’école franco-arabe et comment cela a-t-il façonné votre expression artistique ?
En effet, j’ai eu l’opportunité de suivre l’intégralité de mon parcours scolaire dans une institution franco-arabe, ce qui m’a offert une meilleure compréhension de ma foi et une immersion enrichissante dans la culture arabe.
Outre son aspect religieux, j’ai développé ma capacité à m’exprimer en arabe et ma maîtrise de la langue est impeccable. En fait, je me sens plus à l’aise en arabe qu’en français. La culture arabe a une influence profonde sur moi, ce qui se reflète inévitablement dans ma façon de ressentir et de vivre la musique.
Zeina, pour atteindre le statut d’artiste émérite qui est le vôtre aujourd’hui, vous avez traversé une multitude d’aventures ; vous avez notamment exercé divers petits emplois dans le domaine du ménage et du commerce pour subsister. En quoi cela a-t-il influencé votre parcours professionnel ?
Je viens d’une famille humble où les moyens ont toujours été serrés, voire absents. Les enseignements de mes parents, particulièrement de mon père, m’ont inculqué les valeurs de l’indépendance financière et du travail acharné. Je suis prête à tracer ma route avec dignité, sans dépendre de quiconque, en me fiant uniquement à mon propre labeur.
N’ayant trouvé de débouchés satisfaisants dans le monde du travail après mes études à l’école franco-arabe, j’ai décidé de me tourner vers le métier de femme de ménage. https://newstop.africa/le-president-de-la-guinee-bissau-assistera-au-defile-du-jour-de-la-victoire-a-moscou-le-9-mai/ des opportunités, j’ai entrepris un voyage à Dakar où j’ai fait du démarchage direct pour mettre en valeur mes compétences.
Toujours, j’ai rétribué ma famille avec mon salaire, même s’il était modique. Ces occupations domestiques m’ont emmenée jusqu’en Mauritanie, où mes revenus modestes m’ont permis de soutenir les miens tout en progressant dans mon projet musical. Ce fut une aventure gratifiante, malgré les défis rencontrés au sein des familles aisées qui m’ont employée.
Ces défis ont constitué pour moi une école précieuse de la persévérance et de l’engagement ; ils m’ont enseigné à croire toujours en mes capacités et à ne jamais abandonner. Comme le dit si bien l’adage, la récompense vient après l’effort.
Ce chemin dont vous parlez, il vous a conduit à travers des contrées telles que la Mauritanie ou encore la Gambie. Seriez-vous disposé à nous dévoiler les détails de ces périples ?
Le désir de succès et la recherche perpétuelle de nouvelles expériences ont été mes moteurs pour explorer des contrées étrangères. De la culture anglophone rencontrée en Gambie à celle arabophone dont je me suis imprégnée en Mauritanie, chaque immersion a contribué à élargir mon horizon et ma compréhension du monde qui nous entoure.
Après avoir croisé le chemin du guitariste Mamadou Soumare, connu sous le nom de Riadial, vous avez joint les rangs du groupe AFRICA INWI. Pourriez-vous nous enchanter avec cette fascinante anecdote et nous dévoiler l’approche musicale distinctive du groupe, qui marie la musique sérère à divers autres genres ?
Ma découverte de Mamadou Soumaré, aussi connu sous le nom de Ridjal ya salam, s’est déroulée de manière spontanée. Nous nous sommes croisés dans le monde de la musique, au moment où j’étais encore inexpérimentée et passionnée. C’est le destin qui a orchestré cette rencontre fortuite.
Son arrivée a eu un impact majeur sur mon parcours professionnel, bien que j’aie déjà eu quelques réalisations auparavant, elle a vraiment changé la donne en tant qu’arrangeur. Fils d’Elhadji Soumaré, une figure bien connue au Sénégal, Mamadou possède une maîtrise remarquable du langage des accords et des divers styles musicaux. La pentatonique n’a aucun secret pour lui !
Animés par notre complicité naturelle, nous avons choisi de former le collectif AFRICA INWI (Afrique éveillée), avec pour objectif initial la réalisation d’un album, puis nous nous sommes progressivement lancés dans les performances scéniques. Après avoir collaboré sur plusieurs projets musicaux, Ridjal s’est envolé pour le Maroc.
Ma plus grande aspiration est d’élargir cette formation de l’AFRICA INWI à une échelle internationale, en collaboration avec Ridjal, que j’espère retrouver sous peu. Actuellement, je me produis en France, où je suis installée, en invitant d’autres musiciens à se joindre à moi. J’espère que notre ensemble se reformera bientôt dans sa totalité.
Peut-être êtes-vous la seule Sénégalaise à marier la musique sérère avec les rythmes du monde ; qu’anticiperiez-vous pour cette fusion musicale singulière et authentique ?
Bien sûr, j’ai décidé de marier les mélodies ancestrales sérères avec les tonalités pentatoniques de Fouladou à divers autres styles musicaux du globe. Mon objectif était de créer quelque chose de nouveau, et cela s’est avéré être une aventure vraiment gratifiante. Je constate que le public apprécie cette démarche, et pour ma part, je m’y retrouve pleinement ; c’est ce qui compte le plus !
Quels souvenirs avez-vous rapportés de votre expérience à Marrakech et dans d’autres festivals au Maroc avec AFRICA INWI ?
Notre mélange musical a été accueilli avec grand succès à Marrakech, au Maroc. Cette expérience a renforcé notre intégration dans la culture marocaine et la reconnaissance qui en a découlé nous a permis de nous produire devant Sa Majesté le roi du Maroc. C’était une opportunité extraordinaire !
Quelles émotions avez-vous éprouvées en recevant le prix du meilleur groupe d’Afrique subsaharienne lors du festival Maogine en 2019 ?
En effet, nous avons décroché cette récompense lors du Festival Maogine en 2019, et cela a été rendu possible grâce à l’engagement sans faille de toute l’équipe ! Il s’agissait d’une création collective et le mérite en revient indubitablement à chacun !
Il est nécessaire de mentionner que nous étions absolument enchantés par cette réalisation !
Votre création musicale, Africa INWI, présente une fusion d’influences diverses, tant dans les voix que dans les instruments. Pourriez-vous nous en dire davantage sur cette œuvre ?
Je me rappelle le moment où nous étions à la recherche d’un nom qui incarnerait l’esprit de notre collectif ; soudainement, Ridjal a proposé une idée brillante – “Afrique debout” en sérère. Ce fut exactement le nom idéal pour notre ensemble, ainsi que pour notre premier album.
Pour déchiffrer le mystère de cette composition musicale, nous avons entrepris un périple de recherches, plongeant au cœur des rythmes enchevêtrés et des polyphonies sérères, explorant les nuances des notes pentatoniques et les mélodies envoûtantes de l’afro-blues, tandis que parfois, une touche orientale se glissait subtilement, portée par le souffle de quelques instruments.
Quelle vision avez-vous de votre parcours artistique en tant qu’artiste solo après votre expérience avec AFRICA INWI, et quels horizons souhaitez-vous explorer dans l’avenir ?
Actuellement, je me consacre à ma carrière solo en France. Toutefois, dès que le groupe est invité à se produire lors d’un festival au Sénégal, je saisis l’occasion pour m’y rendre.
Je vise à poursuivre une carrière mondiale grâce à ma formation AFRICA INWI, en espérant qu’elle se concrétisera bientôt. En attendant, je collabore avec des musiciens en France et dès que l’opportunité se présente, je m’installe en résidence pour développer de nouvelles créations et élargir mon réseau.